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Charles le Chauve érige l’Angoumois en comté après avoir supprimé le royaume d’Aquitaine créé par Charlemagne, et confie le comté à Turpion (839).  Dans sa charte du 6 septembre 852, il confirme la donation de Magnac par Laune II, évêque d’Angoulême, à l’Abbaye de Saint-Cybard.  L’Angoumois devient héréditaire avec Vulgrain 1er, fondateur de la Maison des Taillefer. Un de ses successeurs, Guillaume II de Taillefer, prend possession du trône épiscopal d’Angoulême, cumulant pouvoirs civils, militaires et religieux (1043). « Pour la défense de son église » et de son fief qui englobait Magnac, il fit construire le château-forteresse de Touvre (1049).

A la mort d’Aymard, dernier représentant des Taillefer, l’Angoumois passa à la famille de Lusignan, qui l’administra jusqu’à la réunion du comté à la Couronne par Philippe-le-Bel en 1307. Les biens nobles étaient tenus à l’hommage envers le seigneur, les biens roturiers étaient soumis à une redevance annuelle. Le 30 mars 1257, Thomas de Tizon faisait à Bertrand de Sigogne donation de ses biens situés à Magnac, en stipulant que le domaine était « mouvant, tenu en fief et hommage lige à l’évêque d’Angoulême ». Touvre était alors une puissante forteresse, la seigneurie de Touvre était rattachée à la sénéchaussée d’Angoulême (1349) avec garnison et gouverneur dépendant de l’autorité royale.

En 1373, pour la première fois, le cartulaire signale le domaine de Maumont et l’attribue à l’évêché d’Angoulême.

Au cours de la guerre de Cent Ans, Touvre était tombé entre les mains des Anglais, qui pillèrent le pays.  Quand ils en furent chassés, les paysans démolirent le château-forteresse, utilisèrent les pierres pour construire des maisons.  La seigneurie de Touvre subsistait, mais le siège était transporté à La Lèche. En 1375, l’Angoumois avait été cédé par Charles VI à son frère Louis d’Orléans.  Plus tard François érigea l’Angoumois en duché, pour sa mère Louise de Savoie.


Au XVe siècle, l’Angoumois était entre les mains de la puissante famille de Saint-Gelais, issue de la maison des Lusignan.  Le poète Octavien de Saint-Gelais, ami de Charles VII, évêque d’Angoulême, en fut le plus beau fleuron.  En 1502, il fut enterré dans sa cathédrale, comme ses frères. Les Saint-Gelais avaient fait construire à Maumont une maison noble de peu d’importance.

Le 10 août 1471, Jeanne de Saint-Gelais épousait Jean des Ages, héritier de la seigneurie de Touvre.  Par contrat de mariage, elle apportait en dot Maumont. Jean des Ages continuait à habiter La Lèche sans pour autant négliger Magnac. Le 24 décembre 1500, il signa quittance de dette en faveur du chapitre et, par testament, demanda à être enterré en l’église de Magnac.

Son fils aîné, Arthur des Ages, avec son frère Antoine, rend aveu et dénombrement au nom du roi entre les mains du maire d’Angoulême, le 1er août 1553 en qualité de seigneur de Maumont. C’est le plus ancien document faisant apparaître la seigneurie de Maumont et de Magnac, qui semble se substituer à celle de Touvre.

A Maumont, Arthur et Antoine des Ages ont commencé la construction d’un château.  Le donjon et le pont-levis ne sont plus obligatoires, mais la clôture est exigée. A Maumont, sur le chemin longeant la Touvre, un mur de 250 mètres de long sur 4 mètres de haut fut élevé.  Un remblai jusqu’au sommet allait permettre la construction d’un solide et sobre château à huit tours sur la grande surface plane. Une terrasse à deux saillants, avec une belle balustrade de pierre, devait compléter le tout.

D’après le testament d’Arthur des Ages, seigneur de Maumont et Magnac, daté du 16 avril 1574, il élit sépulture en l’église de Magnac dans la sépulture de feu Jean des Ages, son père, alloue cinquante livres pour la réparation de l’église, fait des donations, institue exécuteurs testamentaires Charles Toussis, écuyer, sieur du Plessis et Jean Géra écuyer, sieur de la Montjaterie (testament signé Arthur des Ages). Il meurt en 1574 (ossements trouvés sous le dallage de l’église lors des réparations en 1934). Son frère, Antoine des Ages, meurt en 1575.

Geoffroy des Ages, fils d’Arthur, seigneur de Maumont et Magnac.  Son fils, François des Ages (selon sa signature), seigneur de Maumont, de Macqueville, de Dardenne, de Magnac, de Ruelle était enseigne de la compagnie de cinquante hommes d’armes du baron de Vailhac.

Bertrande, fille de François des Ages et de Renée des Ages épouse, le 26 mai 1603, François de La Rochefoucauld, second fils de Louis de La Rochefoucauld – chevalier de l’Ordre du roi, seigneur de Bayers, la Bergerie, Loumée, la Vallée – et d’Angélique Gillier de Puygarreau.




Les La Rochefoucauld-Maumont.

François de La Rochefoucauld, chevalier de l’Ordre du roi et gentilhomme ordinaire de sa chambre, seigneur de Maumont, de Magnac, d’Orbée du Chastenet, commence la lignée des La Rochefoucauld-Maumont dans sa châtellenie.  Son fils aîné Pierre, seigneur de Maumont et de Magnac, épouse Catherine de Chaumont le 16 janvier 1636 et, par aliénation de domaine royal (28 mai 1657) acquiert les droits de haute, moyenne et basse justice. Magnac devient le siège d’une justice dépendant de la prévôté royale, de la sénéchaussée et du présidential d’Angoulême.  Son fils François épouse Marie-Eléonore Chesnel (8 mars 1660).  Le fils de celui-ci, François-Joseph, chevalier, seigneur de Maumont, épouse Anne Thomas (18 juin 1685).  Lors de l’aliénation du domaine royal par Louis XIV, il acquiert le 10 novembre 1703, avec François Joumard de Tizon, moyennant 3120 livres de principal et 312 livres pour les 2 sols par livre, le droit de lever les rentes nobles dues au roi, dans villes, faubourgs et banlieues d’Angoulême.

Son fils, Jean-Charles de La Rochefoucauld, chevalier, seigneur de Maumont et Magnac, chevalier de Saint-Lazare de Jérusalem et Notre-Dame du Mont-Carmel, le 27 juin 1722 épouse Marguerite des Escaud, fille du chevalier Gabriel-François, seigneur de Chaumont, du Vivier, etc.  Il eut dix enfants, dont François-Joseph, né en 1736, évêque de Beauvais en 1772, membre de l’Assemblée constituante, député aux États-Généraux de 1789 et Pierre-Louis, né en 1744 au château du Vivier, évêque de Saintes en 1780, président des Etats de la province de Saintonge, député aux États-Généraux de 1789. Ces deux prélats La Rochefoucauld-Maumont devaient être massacrés aux Carmes à Paris le 2 août 1792 et béatifiés à Rome le 17 octobre 1926.

Les revenus de Maumont étaient assurés, comme en témoignent de nombreux actes de fermage, par des terres, des moulins, des droits de pêche. En 1734, Jean-Charles de La Rochefoucauld se retira au château du Vivier, où il mourut en 1754. Il fut le dernier La Rochefoucauld à habiter Maumont, confié à un régisseur.
Son fils aîné, le chevalier François-Jean-Charles de La Rochefoucauld, capitaine au régiment de Provence, préférait vivre à Paris.  Très endetté, le 14 février 1757, il vend à Bernard Sazerac, « manufacturier en faïence » de l’Houmeau, des rentes seigneuriales moyennant 3.057 livres, avec faculté de rachat. Un peu plus tard, il loue à Bernard Sazerac un des moulins de Maumont.

Le 1e juillet 1757, par devant les notaires royaux d’Angoulême, après engagement du 20 mars devant le notaire Bernard, Jean-Charles des Vallons, seigneur de Verneuil, fondé de procuration de messire François-Jean-Charles de La Rochefoucauld, seigneur de Maumont, Magnac et d’autres lieux, signe un bail à ferme avec Barthélemy Jayet de Beaupré et Pierre Doussaint, « stipulant et acceptant la terre et  seigneurie de Maumont et Magnac : 20 boisseaux de froment et 30 d’avoine, 26 chapons, 27 gelines et 16 sols d’argent, le tout en rente seigneuriale. Quand le seigneur de La Rochefoucauld sera absent auront l’usage d’une écurie, de la cuisine, de la dépense à côté et de deux petites chambres au-dessus, de la brûlerie sur la Touvre. Ils cultiveront la vigne sans en abuser.  Ferme faite pour neuf ans et neuf récoltes commençant à la Saint-Jean dernière et finissant pareil jour de l’an 1766, moyennant le prix de deux mille deux cents livres pour chacun an. ». Les baux étaient renouvelés.

Affermé, le château de Maumont fut occupé par Séraphin Gautier, écuyer, lieutenant de dragons, fils de Jean Gautier, avocat à Angoulême. Le 8 septembre 1771, sa femme, Thérèse Normand, y donna le jour à un fils, Charles-Rosalie. Il fut baptisé le 13 septembre, son parrain étant « très haut et puissant seigneur messire Charles-Rosalie de Rohan-Chabot, comte de Jarnac » et sa marraine dame Françoise-Radegonde Normand de Garat.


Les fermages ne suffisaient pas à éponger les dettes des La Rochefoucauld-Maumont.
Le 19 janvier 1773, par-devant Me Ledoux, notaire à Paris, la seigneurie de Maumont et Magnac fut vendue sans la moindre restriction à Pierre VARIN, greffier en chef de l’élection d’Angoulême, lieutenant conservateur des chasses de Mgr le comte d’Artois. Il devra bientôt supporter la perte des rentes nobles, restituées au Comte d’Artois, par l’arrêt de 1779.

Lors de la vente de la seigneurie, l’état de lieux mentionne château, communs, bâtiments de toutes sortes, fuye, maisons à Touvre et dans campagne, métairies, grande garenne, jardins, prés, terres labourables, vignes, brûlerie sur la Touvre, chaumes, chènevières, bois, moulins à blé et à huile des Fadours, moulins de Méré et des Rigaud sur la Touvre, droits de pêche sur une partie de la rivière.

Pierre Varin s’éteignit le 25 avril 1780. Son fils, Salomon hérita et prit possession de sa seigneurie. Une cloche, donnée à l’église de Magnac, fut solennellement baptisée. Elle porte une longue inscription : « Saint Cybard, priez pour nous. Charles-Philippe, comte d’Artois, frère de Louis XVI, prince apanagiste de Magnac. Léon Thuet, curé. Maître Salomon Varin, seigneur de Maumont et Magnac, greffier en chef de l’élection d’Angoulême et conservateur des chasses de Monseigneur le comte d’Artois, parrain. Dame Marie-Iphigénie-Geneviève Chaumont-Gautier, marraine.  Michel François Gansberg, fondeur. 1781 » (cloche actuellement de l’église de Magnac).

Après la Révolution, tout en résidant à Angoulême, Salomon Varin de Maumont s’occupait de son domaine. Pour alimenter l’habitation, les jardins, un vivier, le 9 juin 1800, par acte devant Me Petit, notaire à Magnac, il acheta à Guillaume Texier et Antoine Lavergne le droit d’établir un ruisseau partant de la fontaine de Lavallade et aboutissant au château de Maumont.

Le 13 septembre 1810, il acheta à François Coupillaud et Pierre Boucherie leurs droits de pêche sur la Touvre.

Des terres avaient été louées. Le château, abandonné depuis longtemps, était très délabré comme tous les bâtiments, des énormes réparations étaient nécessaires.
Le 1e juin 1817, par acte passé devant Me Petit, notaire à Magnac, M. Salomon Varin et sa femme, Jeanne-Ursule Joffet, vendirent le domaine de Maumont, pour 70.000 francs, à Pierre Navarre, propriétaire à Saint-Claud, époux de Marie-Marthe Martin Lacote.  La vente s’étendait à toutes les propriétés à l’exception des droits seigneuriaux et féodaux des La Rochefoucauld, abolis par la Révolution. L’acte de vente stipule que les bâtiments sont en très mauvais état : les charpentes et les couvertures sont à refaire, des tours s’écroulent, les moulins sont inutilisables.

Les Navarre donnèrent la jouissance de Maumont à leur fille, Marie-Jeanne-Adèle et à son époux Louis Martin de Labellivière, qui devint maire de Magnac en 1802. Le 30 septembre 1833, par-devant Me Rebierre-Laborde, notaire, à Magnac, les Navarre recédèrent les domaines de Maumont à leurs petits-enfants Léopold, Pierre, Joséphine Martin de Labellivière.  Deux ans plus tôt, Joséphine avait épousé Guillaume-Gemie Callaud-Belisle, comme son père fabricant de papier à Veuze.

En 1833, Gemie Callaud-Belisle se rendit acquéreur de tout le domaine de Maumont pour y habiter et construire sur ses terres une usine à papier.

En 1920, les héritiers d’Angel Callaud-Belisle, fils de Guillaume Gemie, vendirent Maumont à André Faure, conseiller de Préfecture à Angoulême, et à ses parents. Par-devant Me Gallut, notaire à Magnac, vente du domaine de Maumont par Marie-Radegonde Arlin-Lacroix, veuve Angel Callaud-Belisle, et ses enfants : Robert Callaud-Belisle ; Yvonne, épouse du Dr. Henri Mallié d’Angoulême ; Anne-Marie, en religion sœur Saint Bernard des Filles de Sainte-Marthe ; Régine, épouse Hubert Robert. L’usine à papier de Maumont avait été vendue le 8 octobre 1863 par les héritiers de Gemie Callaud-Belisle à la Société Becoulet de Paris, devenue en 1867, la Société Becoulet-Procope.

ALMANACH DE L’ECHO DE LA TOUVRE 1933, etc. Publication de l’AbbéLescuras
« LA CHATELLENIE DE MAUMONT » du professeur Compain.
Papiers La Rochefoucauld.
Papiers Callaud-Belisle

History of Maumont

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